Arianespace a programmer le lancement ce soir, du quatrième véhicule de transfert automatique (Automated Transfer Vehicle, ou ATV). Pesant 20 tonnes, ce vaisseau cargo, baptisé « Albert Einstein », représente « la plus grosse charge utile jamais lancée à ce jour », précise la société européenne.
Pour le groupe Clemessy, qui participe depuis de longues années à l’aventure Ariane à Kourou, il s’agissait pour ainsi dire d’un lancement de routine (lire ci-dessous). Mais ce devait être une grande première pour la ville où il a son siège : Mulhouse.
Un petit logo dans l’espace, mais un grand bond pour Mulhouse
Ce 69e
lanceur Ariane 5 de 50 m de haut, pesant 777 tonnes au décollage, a
emporté dans l’espace le logo de Mulhouse Alsace Agglomération (M2A).
Cette fusée portait, en effet, le nom de la collectivité qui préside
cette année la Communauté des Villes Ariane (CVA).Cette CVA fédère les dix villes ou collectivités européennes qui accueillent sur leur territoire une entreprise qui travaille dans le spatial et œuvre à promouvoir les activités liées au transport spatial européen.
L’association compte 36 membres, collectivités et entreprises, dont M2A et son partenaire industriel Clemessy, engagés depuis plus de dix ans au sein de la CVA. Et c’est Mulhouse Alsace Agglomération qui a pris la présidence tournante de la communauté en 2013.
« Cette présidence sera l’occasion de promouvoir à un niveau européen l’ensemble du territoire et de ses acteurs, qu’ils soient économiques, culturels ou associatifs », s’était félicité Jean-Marie Bockel, le président de M2A, lors du passage de relais avec la ville hanséatique de Brême, en janvier.
Au fond du Pacifique
Cette nuit, au
bout d’un vol de 1 h 4 min et 03 secondes, la fusée Ariane 5 devait
larguer le vaisseau cargo sur une orbite circulaire, à 260 km
d’altitude.Après la séparation de l’ATV-4, le lanceur devait faire un tour complet de la terre, avant de se désorbiter et de venir s’abîmer, avec son logo mulhousien (s’il est encore intact), dans une zone déserte du Pacifique sud. Pendant ce temps, le vaisseau cargo « Einstein », construit par Astrium (groupe EADS), devait poursuivre son vol autonome, en utilisant quatre grands panneaux solaires pour le guidage GPS, en liaison avec le centre de contrôle de Toulouse.
De forme cylindrique (10 m de long et 4,5 m de diamètre), ce vaisseau est constitué d’un module de service et d’un module de fret. II transporte de l’eau potable, de l’oxygène, du carburant, des pièces de rechange, et des vivres, pour la station spatiale internationale (ISS), occupée en permanence depuis 2000.
À bord de l’ISS se trouvent actuellement les spationautes russe Fedor Iourtchikhin, italien Luca Parmitano et américaine Karen Nyberg. Ils ont rejoint, le 29 mai, à bord d’un vaisseau Soyouz, les Russes Pavel Vinogradov et Alexandre Missourkine, et l’Américain Chris Cassidy. Le 14 mai, trois spationautes de l’ISS étaient revenus sur Terre, au Kazhkstan après cinq mois dans l’espace, dont le Canadien Chris Hadfield, devenu célèbre pour avoir partagé ses expériences spatiales sur les réseaux sociaux.
Un régime spécial
Au
total, 2,6 tonnes de fret ont été conditionnées, selon l’Agence
spatiale européenne (ESA), dont des articles de la vie quotidienne,
comme du papier d’imprimante, des outils, des brosses à dents et des
chaussettes. Et même un repas de régime spécial préparé par le chef
français Alain Ducasse, pour tester les besoins énergétiques minimaux
requis par un être humain en orbite.Café, gaufres, fruits secs, œufs brouillés, lasagnes, gratins de brocolis, fraises et tiramisu : l’équipage se verra proposer des dizaines de produits alimentaires, lyophilisés, déshydratés ou thermo-traités.
Le vaisseau cargo, lancé par la fusée Ariane 5 nommée Mulhouse, restera amarré à l’ISS pendant six mois environ, puis sera détaché et se désintégrera dans l’atmosphère, avec les déchets de la station. Le magnifique vaisseau finira en poubelle…
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